25 juillet 2009

Décrocher, relâcher sa prise

Décrocher et relâcher le poisson

Il y a un lien étroit entre un bon ferrage et l’assurance de laisser repartir le poisson dans de bonnes conditions. Un bon ferrage est un ferrage où l’hameçon vient se piquer juste au bord de la gueule du poisson, dans une zone de cartilage qui limite ses souffrances. Lorsque le ferrage est réussi, le pêcheur n’a aucun mal à ôter l’hameçon de la gueule du poisson et il peut ainsi le laisser repartir facilement et rapidement.

Un autre écueil doit être évité lorsque l’on décroche un poisson et en particulier une truite. Le pêcheur ne doit pas serrer trop fort le poisson qu’il tient dans ses mains pour ne pas lui enlever la couche de mucus qui recouvre son corps. Le mucus est une protection naturelle dont les poissons ont besoin pour mieux glisser dans l’eau et résister aux diverses agressions du milieu, aux parasites, aux virus et autres bactéries. C’est pourquoi il est préférable de décrocher un poisson, et tout particulièrement une truite, en le maintenant dans l’eau dès lors que les conditions de pêche le permettent. Dans l’eau le poisson ne perd pas son mucus. S’il perd trop de mucus, le poisson risque de ne pas pouvoir repartir ou d’être beaucoup plus vulnérable.

Une fois la truite décrochée, il faut (si elle ne fait pas la taille légale de capture) la relâcher impérativement. Surtout, ne lancez pas la truite dans l’eau comme une vulgaire pierre et cherchez, chaque fois que cela est possible, un endroit où vous pourrez la remettre aisément. Néanmoins, ne cherchez pas trop longtemps, car hors de l’eau la truite a une espérance de vie très courte. Pour permettre à la truite de repartir dans de bonnes conditions, il ne faut pas la laisser repartir instantanément. Maintenez-la (en la tenant par la queue) dans l’eau et de préférence face au courant. Procédez à des mouvements d’allers et retours afin de réoxygéner ses branchies. Ce n’est qu’une fois que le poisson manifeste l’envie de repartir de manière autonome que vous pouvez le relâcher.

Conserver une truite : un bien ou un mal ?
Dans quelle(s) condition(s) peut-on garder une truite ? Revenons avant toute chose sur l’habitat de la truite pour bien comprendre. Dans toutes les rivières peuplées de truites, les truites sont en concurrence les unes avec les autres. En effet, il y a, dans une rivière, un certain nombre de caches susceptibles d’abriter une ou plusieurs truites. Les truites se mènent une rude concurrence pour pouvoir les occuper. Et ce n’est sans doute pas par hasard si les meilleures caches sont souvent occupées par les plus beaux poissons. Qu’en est-il alors des truites plus petites, moins à même de s’imposer face aux gros sujets et de trouver un bon emplacement ?
Même si les plus grosses truites occupent les postes les plus favorables, il n’est pas exclu pour autant qu’elles cohabitent avec d’autres truites de taille plus modeste. En effet, la territorialité tend à disparaître lorsque la nourriture est abondante dans une rivière. Dans ce cas, la concurrence s’exerce à l’intérieur même du poste, autrement dit il va y avoir une lutte pour occuper la meilleure place dans ce poste.

Les plus belles pièces sont généralement postées « en première ligne » car c’est la position la plus avantageuse au sein d’une cache. La truite peut ainsi recevoir la nourriture que le courant lui apporte en première. Il est donc plutôt désavantageux de se retrouver derrière au sein d’une cache dans la mesure où il n’est pas aisé de se nourrir (les truites prennent ce qui reste, elles dépendent ainsi du bon vouloir des truites plus grosses situées devant elles). Voilà pourquoi, au sein d’une même cache, se crée une sorte de file d’attente, caractérisant la hiérarchie naturelle du milieu, où les plus belles truites occupent les premières places et les plus petites les dernières.

Ainsi, la capture d’une grosse truite constitue non seulement une satisfaction personnelle pour le pêcheur mais aussi un « poids » en moins pour la rivière, c'est-à-dire une concurrente en moins pour les truites plus petites. Capturer une belle truite c’est permettre aux truites plus petites, qui jusque là étaient des truites de « second rang », d’accéder à des privilèges auxquels elles n’avaient pas droit auparavant : occuper un poste vacant et intéressant pour se procurer de la nourriture, sans prendre de trop gros risques, dont elles ont besoin pour survivre.

Oter à la rivière un de ses plus beaux éléments est un vrai soulagement pour les petites truites écrasées sous le poids de la domination voire même du cannibalisme des plus grosses, d’autant plus qu’en favorisant le développement des truites petites et moyennes on favorise aussi la reproduction. Une truite de 40 centimètres, voire plus, est une truite qui se reproduit de moins en moins (à l’instar des humains vieillissants) alors qu’une truite de 25 centimètres est en pleine force de l’âge, autrement dit c’est une truite qui se reproduit bien et qui continuera à le faire pendant de nombreuses années contrairement à ses aînées.

De par la domination qu’elle exerce, une grosse truite oblige souvent les petites truites à prendre de gros risques pour aller se nourrir hors de la cache ce qui peut leur être fatal si un prédateur rôde dans le coin. Par conséquent, en « éliminant » les plus grosses truites, on participe à une sorte de régulation naturelle du milieu. Vous l’aurez compris : s’il est positif pour le pêcheur et pour l’équilibre écologique de conserver une belle truite, il ne l’est pas du tout avec les petites truites.

Pour autant, il ne s’agit pas uniquement de conserver des grosses truites, sinon beaucoup de pêcheurs ne conserveraient pas grand-chose ! De nombreuses rivières sont très bien peuplées de truites de petite taille, et il n’est pas proscrit d’en conserver quelques unes de temps en temps. Je dis bien de temps en temps car je réprime totalement ces pêcheurs qui, sous prétexte qu’il faudrait rentabiliser un permis de pêche, certes de plus en plus coûteux, n’ont aucun scrupule à piller la rivière afin de remplir leur congélateur.

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